Severino Di Giovanni est né le 17 mars 1901 à Chieti, en Italie, dans les Abuzzes, une région montagneuse du centre de l'Italie, dans une famille très pauvre. Severino commença à travailler très jeune comme typographe ; cet ouvrier, autodidacte, devient anarchiste à 20 ans.
Avec l'arrivée de Mussolini et de sa bande de fascistes, il est contraint de fuir l'Italie ; en mai 1923, il arrive à Buenos Aires, en Argentine avec sa femme, et retrouve un emploi de typographe.
En juin 1925, alors que la colonie italienne fasciste fête à Buena Aires le 25ème anniversaire de l'intronisation du roi Victor-Emmanuel III, que l'orchestre entonne l'hymne national Italien, Di Giovanni et quelques camarades interrompent la " fête " en lançant des tracts et en hurlant des slogans hostiles au fascisme.
C'est alors la campagne internationale en soutien aux anarchistes italiens Sacco et Vanzetti, condamnés à mort par les U.S.A ; Di Giovanni et ses amis commencent alors une série d'attentats à la bombe contre les locaux, bâtiments d'entreprises nord-américaines, ainsi que le consulat yankee. Severino Di Giovanni aura toujours d'étroites relations avec " l'Aduanatta dei refrattari " ( l'assemblée des réfractaires ) de New York et avec les groupes qui suivaient la ligne individualiste ( la tendance à laquelle appartenait Bartoloméo Vanzetti )
Di Giovanni, lors d'un meeting, demande plus d'actions individuelles, plus de violence.
Tout en posant des bombes, Severino ne reste pas inactif et en profite pour commettre de nombreuses expropriations ( Hold-up ) ; c'est Buenaventura Durutti qui lui enseigna la tactique des hold-ups ; depuis qu'il est en Argentine, Di Giovanni publie son propre journal, " Culmine "
( qu'il crie et publie lui-même ), avec sa rubrique " Face à face avec l'ennemi " ( consacré aux récits, descriptions des attentats, expropriations, etc...)
En 1926, avec des amis, il organise une grande manif pour la libération de Sacco et Vanzetti, on l'arrête pour l'explosion d'une bombe devant l'ambassade des Etats-Unis ; Di Giovanni est battu au commissariat par les flics, on lui confisque tous ses livres, mais les pandores sont obligés de le relâcher fautes de preuves.
Les bombes continuent de sauter de plus belle, seul " Culmine " approuve ses attentats.
La clandestinité :
A partir de 1927, Severino Di Giovanni entre dans la clandestinité et prend contact avec deux frères italiens, Alejandro et Paulino Scarfo avec qui il va commettre nombre d'attentats, hold-up, etc en Aoùt 1927, à l'annonce de l'exécution de Sacco et Vanzetti, deux bombes explosent dans deux bâtiments nord-américains ; en novembre, un fabricant de cigarettes
" Sacco et Vanzetti ", une bombe ( envoyée par Di Giovanni ) le dissuade de persévérer.
Le jour de Noël 1927, un bombe explose à la " National city bank ", causant deux morts
et 23 blessés ( des nord américains et des argentins ). Pour des flics, tous les attentats à la
bombe sont de Di Giovanni.
Parmi les anarchistes argentins, la polémique fait rage, par rapport à ces actes ( attentats, braquages ) ; le journal " La Antorcha " ( la torche ) soutient plutôt ces actes, " La Protesta ",
organe des anarcho-syndicaliste, condamne sévèrement...
Cela n'empêche pas Di Giovanni de continuer ; le 23 mai 1928, il pose un bombe au consulat italien afin de tuer le consul qui est un zélé collaborateur de la police et qu'il aide dans la chasse aux anarchistes ; la bombe fait neuf morts et plus de trente blessés, l'ambassade est complètement détruite ; cet attentat provoque un tollé général dans le pays ; chez les anars, ça chauffe aussi : " La Protesta " attaque violemment le groupe d'individualistes italiens dont Severino Di Giovanni est la figure emblêmatique ; il faut dire que " La Protesta " ira jusqu'à accuser Di Giovanni d'être un " agent fasciste ", c'en est trop pour Di Giovanni qui demande à s'expliquer, mais le journal refuse et continue ses accusations mensongères
( et surtout stupides ! )
Di Giovanni ne peut supporter plus longtemps d'être calomnié de la sorte, qui lui a toujours lutté contre le fascisme, qui a été contraint de fuir son pays à cause de lui, rien à faire, " La Protesta ", par la voix de son directeur Lopez Arango, continue de le traîner dans la boue, résultat : Di Giovanni abat de plusieurs balles Lopez Arango le 25 octobre 1929.
Peu après, l'anarchiste fait sauter la pharmacie d'un fasciste italien, Beniamino Mastronardi, et la maison d'un tortionnaire fasciste italien, le colonel Afeltra.
Le 28 octobre 1929, c'est au tour du commissaire de police, qui s'est particulièrement distingué dans la répression anti-anar, d'être victime d'un attentat ( qui rata, le flic s'en tira avec un oeil en moins ; néanmoins, il accuse Di Giovanni d'avoir personnellement lancé la bombe )
Désormais, Severino est l'ennemi public numéro un pour la police, l'homme à abattre à tous prix.
Avec l'argent des braquages divers, cambriolages, Di Giovanni publie une nouvelle revue " Scritti Sociali " et ls oeuvres d'Elysée Reclus (célèbre anar français )
En septembre 1930, un coup d'état militaire prend le pouvoir en Argentine ; toutes les organisations, journaux anarchistes sont interdits ; Di Giovanni n'en continue pas moins ses cambriolages ; il s'est installé dans une villa, s'est doté d'une imprimerie et d'un labo pour confectionner des bombes.
En octobre 1930, alors que l'Argentine est en pleine repression militaire, Severino Di Giovanni est un autre anar italien, Michel-Ange Roscigna attaquent le convoyeur des Services Sanitaires de Palermo ; le butin est considérable, et les trois quarts serviront à aider les camarades prisonniers ; toujours avec Roscigna, Di Giovanni défigure à coup de fusil le commissaire Velar, une brute spécialisé dans la chasse aux anarchistes.
Le 20 janvier 1931, 3 bombes de forte puissance explosent à Buenos Aires, faisant 4 morts et 20 blessés.
Mais c'est le chant du cygne pour Di Giovanni, il se fera prendre bêtement par hasard ; il est reconnu dans la rue alors qu'il portait les épreuves d'un livre de Reclus à une imprimerie, les flics les poursuivent, une fusillade éclate dans les rues et sur les toits.
Se voyant perdu, Severino tente de se suicider, mais il se loupe ( il est quand même gravement blessé ) ; on le soigne pour mieux le condamné à mort ! ! !
Le 1er février 1931, Severino Di Giovanni, 30 ans, est fusillé en criant
" Vive l'Anarchie !"
Di Giovanni était un anarchiste plaçant son idéal au dessus de tout ; certains diront que c'était u extrêmiste, un fou, d'autres qu'il était courageux et généreux avec les prisonniers qu'il n'oubliait pas ; tous les hold-ups servaient en partie au soutien des prisonniers et à leurs familles,
il ne faut pas l'oublier ; que l'on soit d'accord ou pas avec ses actes, ça c'est autre chose, à mon avis, il n'avait pas beaucoup le choix et Di Giovanni avait la rage face à l'injustice.
Il a finit par succomber dans la guerre face à l'ennemi, mais on n'oubliera pas Severino Di Giovanni!
A LRE : "Les anarchistes expropriateurs"/O.Bayer,Editions-ACL)